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François Dubet, sociologue : « Tout se passe comme si les quartiers étaient dans un vide politique, comme si les rages et les révoltes ne débouchaient sur aucun processus politique »

Après la mort de Nahel M., le sociologue explique que les habitants des cités se sentent mis à l’écart en raison de leurs origines, de leur culture ou de leur religion. Les mouvements sociaux et les partis ne parviennent cependant pas à transformer ce sentiment d’abandon en actions organisées, en revendications ou en projets.

Propos recueillis par 

Publié le 02 juillet 2023 à 16h45, modifié le 04 juillet 2023 à 10h49

Temps de Lecture 7 min.

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Professeur émérite de sociologie à l’université de Bordeaux, François Dubet a travaillé sur la théorie sociologique, la sociologie de l’éducation, les inégalités sociales et les sentiments d’injustice. Il est l’auteur de La Préférence pour l’inégalité. Comprendre la crise des solidarités (Seuil, 2014), Le Temps des passions tristes. Inégalités et populisme (Seuil, 2019), Tous inégaux, tous singuliers. Repenser la solidarité (Seuil, 2022).

Que vous inspirent la mort, à Nanterre, de Nahel M., tué par un policier, et les émeutes qui ont éclaté ensuite dans la plupart des banlieues françaises ?

Chaque « bavure » policière, chaque révolte des banlieues est singulière, mais c’est la répétition des événements qui devrait nous interroger.

Depuis les émeutes de la banlieue lyonnaise, dans les années 1980, nous avons connu plusieurs dizaines de révoltes – certaines locales, d’autres plus larges, comme en 2005, certaines dans des grandes villes, d’autres dans des plus petites. Chaque fois, un ou plusieurs jeunes ont été tués ou blessés par la police et, chaque fois, les jeunes ont saccagé les équipements publics de leur quartier : les mairies, les centres sociaux, les écoles… Chaque fois, la violence a débordé des cités et, chaque fois, les pillages se sont mêlés à la révolte. Dans tous les cas, les parents ont compris ces jeunes qui sont leurs enfants, tout en condamnant les violences qui détruisent leur quartier.

Chaque fois, aussi, les uns condamnent les violences policières, la ségrégation, le racisme, la pauvreté et les ghettos urbains, alors que d’autres condamnent les immigrés et l’ensauvagement de la société. L’impuissance des acteurs politiques semble aussi se répéter : la fermeté de Nicolas Sarkozy en 2005 [alors ministre de l’intérieur] n’a pas plus éteint les incendies que l’attitude plus compréhensive d’Emmanuel Macron aujourd’hui. La seule nouveauté des événements d’aujourd’hui, à Nanterre et ailleurs, c’est le rôle croissant des réseaux sociaux et, semble-t-il, l’extrême jeunesse des émeutiers.

Les jeunes ont le sentiment que les pouvoirs publics n’ont rien fait, ou presque, dans les quartiers populaires depuis le début des années 1980. Est-ce exact ?

On ne peut pas dire que rien n’a été fait. Dans beaucoup de quartiers, l’habitat et les équipements se sont améliorés : on a refait des appartements, détruit les immeubles les plus insalubres, ouvert des écoles et des équipements sociaux, multiplié les lignes de bus… C’est sans doute insuffisant, mais le cadre de vie a été un peu amélioré – Nanterre n’est d’ailleurs pas la plus dégradée des cités populaires.

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